E n ce moment (15/03/2005) on me dit qu'il y a des troubles en Galilée et quelques autres provinces proches. On me dit aussi qu'il y en a dans le Liban (celui historique, qui rassemblait l'État qui porte ce nom et son voisin qu'on appelle aujourd'hui Syrie). Et en bien d'autres endroits, mais je m'arrêterai ici à la Galilée, aux provinces qui l'entourent, et au Liban. Et peut-être pas, probablement pas, finalement, au Liban. Cela dit, ces troubles ne me troublent guère: il y a un moment que c'est le cas, par là-bas. Donc, la Galilée. On le devine, ses habitants sont les Galiléens. Logique: les Bourguignons habitent la Bourgogne, les Bavarois habitent la Bavière, les Casamançais habitent la Casamance, et les Galiléens habitent la Galilée. Mais, qui sont ces Galiléens ? Et bien, un peu tout le monde: «À la naissance du Christ, c'était la plus septentrionale des trois
provinces de la Palestine, à l'ouest du fleuve Jourdain, et ses limites s'étendaient
jusqu'à la Phénicie. On relèvera ceci: «Ainsi qu'avec la population locale cananéenne et phénicienne». Qu'est-ce à dire ? Et bien, que les «Galiléens de souche» sont apparemment les Cananéens et les Phéniciens. Ou peut-être non. Disons, quand les autres populations de la Galilée y vinrent, il y avait du monde, et ce monde est nommé depuis ce temps «les Cananéens» et «les Phéniciens». Avant, personne pour raconter s'il y avait du monde qui s'appelait ou qu'on appelait autrement. Pourquoi “Galilée” ? La citation dit que «cette province de la Palestine était même considérée comme la Galilée des Nations». Ce qui n'avait pas de sens pour quelqu'un comme moi, qui suis remarquablement inculte en tout ce qui se relie au judéo-christo-mahométanisme. N'avait pas de sens jusqu'au 15/03/2005 vers 16h15. Mais heureusement Internet est plein de ressources, alors, maintenant je sais: «“Galilée” est un ancien nom pour désigner la province à l'ouest de [la]
mer [de Galilée]. “Galilée” signifiant “un cercle, un district, une région”, était mis en
relation avec l'infiltration des étrangers païens» Bon: le district des non-juifs. Comme qui dirait, «zone de rétention administrative pour étrangers en situation irrégulière». Et tant qu'à faire, «zone de relégation»: «L'Eternel parla à Josué, et dit: Parle aux enfants d'Israël, et dit:
Etablissez-vous, comme je vous l'ai ordonné par Moïse, des villes de refuge, où pourra
s'enfuir le meurtrier qui aura tué quelqu'un involontairement, sans intention; elles vous
serviront de refuge contre le vengeur du sang […]. Sichem est le nom d'un sale type: «Dina, la fille que Léa avait enfantée à Jacob, sortit pour voir les filles
du pays. «Le pays» est celui de Canaan. Sichem est donc aussi le nom d'un ville «dans le pays de Canaan», ville toute proche de l'endroit où l'homme Sichem a fait ce que cité plus haut: «A son retour de Paddan Aram, Jacob arriva heureusement à la ville de
Sichem, dans le pays de Canaan, et il campa devant la ville. Au fait, que se passa-t-il après l'épisode avec Dina ? Jacob et ses fils s'énervent, Sichem et son père calment le jeu, et Sichem, qui s'est entiché de Dina, fait cette proposition: «Exigez de moi une forte dot et beaucoup de présents, et je donnerai ce que vous me direz ; mais accordez-moi pour femme la jeune fille». Bon, Jacob et ses fils sont des Justes — ne pas oublier que Jacob, c'est Israël, et que ses fils, ce sont les fondateurs des douze tribus. Donc, ce sont des Justes, alors ils vont agir justement. Ben, pas vraiment: «Les fils de Jacob répondirent et parlèrent avec ruse à Sichem et à Hamor,
son père, parce que Sichem avait déshonoré Dina, leur soeur. La proposition plaît à Hamor et Sichem, ils en discutent avec «tous les mâles du pays» qui se disent que ma foi, ça semble intéressant, et ils acceptent. Et puis: «Tous ceux qui étaient venus à la porte de la ville écoutèrent Hamor et
Sichem, son fils; et tous les mâles se firent circoncire, tous ceux qui étaient venus à
la porte de la ville. Sympas, les fils de Jacob. Je ne vous raconte pas le reste, c'est horrible, genre, le fils qui couche avec la concubine du père et plein de trucs comme ça. Sans compter que, on se le rappellera, Dieu a donné la terre de Palestine aux Hébreux, mais il y avait déjà du monde, et il fallut bien s'en débarrasser… Sichem a une autre caractéristique, elle fut la première capitale des Hébreux, puis céda la place à Jérusalem (qui, au passage, existait déjà au moment où les Hébreux s'y installèrent avec la même délicatesse qu'à Sichem). Et aussi: «Les juifs de Jérusalem haïssaient les juifs de Samarie qui avaient
construit à Sichem un temple rival à celui de Jérusalem. Tout baigne. Entre ce qu'en rapportent des tiers et ce qu'ils en disent eux-mêmes, il ressort que les Hébreux furent des gens peu fréquentables, voleurs, violeurs, pilleurs, assassins, usurpateurs de terres, traîtres, rancuniers, adorateurs de faux dieux, prévaricateurs, etc. Des sortes de mercenaires reconvertis en gangsters. Il ne faut pas non plus croire à tout ce qu'on raconte: lisant la Bible (Ancien Testament) on croirait, à tel verset, qu'où passent les Hébreux l'herbe ne repousse pas; puis, quatre ou cinq versets plus loin, vous constatez que, finalement, ils font du commerce avec les gens dont on nous disait qu'ils les avaient tous massacrés. Comme qui dirait qu'il y avait un chouia d'exagération… Cela éloigne un peu de la question. Qui est double: En Galilée, qui sont «le premier occupant» et «l'occupant en titre» ? Prenez le cas de Sichem: au début Jacob achète «la portion du champ où il avait dressé sa tente, des fils d'Hamor, père de Sichem, pour cent kesita». Même si la tente est grande, ça ne fait pas grand chose, juste une portion de champ. Sur cette portion il dresse un autel, ce qui laisse à croire qu'il a de plus grandes ambitions. Bon, il y a l'histoire avec Dina: ça sent le coup fourré. C'est que, partout dans le bouquin, on voit nos Hébreux faire très attention à ce que leurs femmes et leurs filles restent cachées, et voilà-t-il pas que Jacob laisse sa fille se balader chez des étrangers quasi nue ! Il aurait eu, lui ou ses fils, dans l'idée de «créer un incident diplomatique» que ça ne m'étonnerait pas. La suite le confirme, d'ailleurs. Résultat, à force de ruses, il finit par récupérer ses 100 kesitas et au-delà, et prendre la ville et tous les champs qui l'entourent. Et aussi, les femmes, les enfants, le cheptel, les réserves, bref, la totale. Les supposés héritiers de ces Hébreux qui nous racontent que Sichem et ses entours leurs appartiennent mentent: ils ont volé la terre. Tout ce qui leur appartient, c'est une portion de champ, et avec les frais de justice, en cas de procès, je crains qu'il leur faille la vendre ou la céder… Voilà qui est réglé pour «l'occupant en titre»: c'est un usurpateur. Au passage, il faut noter que l'autre réclamant de l'heure, «les Palestiniens» est aussi un usurpateur; de ce point de vue, il y a une certaine légitimité pour les héritiers des Hébreux à réclamer la terre: ils sont les premiers usurpateurs. Et tant que le détenteur véritable du titre d'occupation ne réclame pas, «l'occupant en titre» est logiquement le premier usurpateur. Quelques temps après (précisément, le dernier jour de l'année 2005). J'ai pris le cas de la Galilée, mais on en dira autant un peu partout. Par exemple, les Serbes prétendent que le «berceau de la nation» se situe au Kosovo. Problème, leur implantation dans cette région est tardive, si du moins l'on accepte la fiction selon laquelle ils sont «slaves», qu'ils ont une origine commune avec les autres réputés slaves; dans cette optique, leur «berceau» se situerait plutôt entre Oural, mer Caspienne et mer Noire. Incise: peu de chances que vous lisiez ceci aujourd'hui même, mais depuis le paragraphe précédent le temps a passé et pour moi nous sommes le premier janvier 2006, donc je vous souhaite une bonne et heureuse année ! Cela dit, il y a tellement de calendriers différents dans le monde que quel que soit le jour, probablement «le début de l'année» n'est pas bien loin avec l'un ou l'autre… Là-dessus je reprends le cours de mon récit. On a aussi le cas des Zoulous qui revendiquent les parties de l'Afrique du Sud où ils sont majoritaires comme «leur» terre au détriment des autres ethnies, qu'elles soient ou non «africaines de souche»; mais leur implantation dans la région est plus récente que celle des plus anciens groupes d'ascendance française ou/et néerlandaise, et à l'heure actuelle les seuls groupes pouvant «à bon droit» se déclarer “le premier occupant” sont ceux dits «Hottentos» quand ils sont sédentaires et «Bochimans» (“Bushmen”, “Hommes du bush”, de la savane) quand il sont nomades ou semi-nomades. Bien sûr, presque toutes les nations d'Europe à l'ouest du Danube ne peuvent se prétendre «le premier»: hormis ceux dits finno-ougriens (Basque, Magyars, Suomis) ou de lointaine ascendance sibérienne (Lapons, Inuits), ces peuples sont d'implantation récente au regard de l'histoire des humains dans la région: de 1000 à 4000 ans à deux ou trois siècles près, alors que la présence humaine (celle de notre branche homo sapiens sapiens, s'entend) y est attestée depuis plus de 30000 ans. Prenez le territoire dit aujourd'hui “la France”: les deux nations dont se réclame ce pays, «Gaulois» et «Francs», en sont des habitants tardifs, depuis environ 3500 ans pour les proto-Gaulois (“Celtes”) et moins de 2000 pour les proto-Francs (“Germains”). Puis, peut-on strictement parler de «nations», entendant par là “groupe humain ayant un ancêtre commun” ? dans sa page «Nos étranges ancêtres les gaulois» le site “linternaute.com” le rappelle, «Entre 700 et 500 av. J.C. (âge de fer) les Celtes se fixent entre la Seine et la Garonne. La fusion entre les autochtones pré-celtiques et les diverses vagues celtiques forme un peuple que les romains nomment les Gaulois». On a quelque chose d'assez semblable à la situation au latium dans les décennies qui virent s'établir le groupe qui forma le noyau de la future Rome: le groupe initial est «exogène», même s'il se compose pour partie (et probablement en majorité) de personnes venant de groupes locaux «latiumiens» (Sabins, Volsques, etc.). Comme l'établit l'histoire factuelle de la ville désormais, elle fut fondée au départ par les Étrusques, une sorte de «comptoir» ou de «colonie» destiné à assurer l'emprise économique et culturelle des Étrusques sur cette partie de la péninsule italique, au détriment des autres «colons» du sud de la péninsule, les Grecs. Comme dans bien des conquêtes, on s'appuie sur des collaborateurs locaux, et comme souvent on en trouve de moralité douteuse. Dans un autre texte j'avais commencé une analyse de ce que pouvaient être les «Romains» originaux, outre bien sûr les cadres, tous Étrusques, et j'estimais qu'on pouvait les considérer comme un assemblage hétéroclite de bandits, de proscrits et d'opportunistes qui selon toute vraisemblance étaient en rupture de ban avec leurs sociétés d'origine. Plus que des collaborateurs, des «collabos». C'est la limite de la comparaison: les Celtes occupent à la mode grecque ou mongole: investir le terrain militairement, s'installer, prendre le commandement, et à la fin fusionner avec les peuples locaux. La technique romaine est autre: le principal groupe de commandement et le gros de la population restent dans la zone initiale, ne s'étendant que lentement vers leur périphérie proche, sauf rares colonies de peuplement dans des places distantes faciles à investir: les autres sont des «protectorats», des «dominions» où la majorité des occupants se compose de fonctionnaires, de commerçants et de militaires, le tryptique classique d l'impérialisme colonial. On peut dire que la première méthode est typique des peuples nomades, qui transportent leur culture avec eux, la seconde celle des peuples sédentaires, dont la culture s'enracine dans un territoire particulier. Mais ce n'est pas le tout, revenons à notre question, celle du «premier occupant»: mes
derniers exemples d'occupants montrent que, de la Scandinavie à l'Espagne, de l'Espagne à
la Turquie et de la Turquie à la Scandinavie, presque tous les peuples qui vivent là ne
sont pas «le premier occupant», les plus anciens y étant depuis environ 5.000 ans. Mieux:
la logique guidée par la science indique qu'en tout lieu du monde sauf en une certaine
partie, entre l'est de l'Afrique et l'ouest de l'Asie, où l'on peut situer l'apparation
de D'une manière abstraite et anhistorique, due notre commune bien que lointaine origine on peut considérer que tout humain actuel peut se prévaloir du titre de premier occupant en tout lieu de la planète où existe un établissement humain – pour ceux où il n'y en a pas la question ne devrait pas se poser, sinon qu'aujourd'hui, à l'exception du continent antarctique presque toute la partie émergée de la planète et une bande côtière ou inter-insulaire d'extension variable (au plus 12 milles marins soit environ 22 km, sauf pour les archipels où elle peut aller jusqu'à 125 milles soit 231 km) est considérée «occupée» même si elle ne l'est pas. Nous ne vivons cependant pas hors de l'histoire et de la géographie et savons que depuis les temps préhistoriques des peuples, nations, États se constituèrent, et dans les temps protohistoriques et historiques certains peuples ou nations se prévalurent du titre de premier occupant ou d'occupant légitime pour des territoires particuliers. Dans la situation actuelle la majorité des «occupants» ne sont pas «premiers», les rares peuples qu'on peut qualifier tels se trouvant dans quelques parties de l'Océanie et dans certains endroits des Amériques et de l'Afrique australe. On aussi peut le supposer pour quelques «isolas» en Asie, mais c'est moins évident. Ailleurs, même les plus anciens occupants ne sont pas «le premier», sinon, donc, dans la zone d'expansion initiale des humains – la question ici étant bien entendu celle du «premier occupant humain»; si l'on cherchait le véritable «premier occupant», il faudrait donner des titres de propriété aux virus et aux bactéries… On peut bien sûr le montrer pour les autres, mais du moins les exemples assez récents des «slaves du sud» (ce que signifie proprement le terme «yougoslaves») et des colonies de peuplement des Amériques et d'Océanie ont l'avantage certain d'illustrer la chose d'une manière historique attestée, donc vérifiable: dans ces zones les occupants en titre ne sont, sauf rares enclaves pour les colonies indiquées, pas les premiers occupants. À remarquer cependant que beaucoup d'enclaves d'Amérique du nord, surtout aux États-Unis, ne sont pas concédées au réel «premier occupant»; c'est le cas par exemple de plusieurs nations d'Indiens de grandes plaines (cas des Comanches) qui ne se déplacèrent qu'assez tard vers le sud (Texas et Nouveau-Mexique actuels), où se trouvaient déjà des occupants dont beaucoup n'étaient pas «premiers» (venus plus tôt du nord-ouest vers le sud-ouest, comme les Navajos) dont les principales réserves sont dans cette zone d'arrivée récente. Donc, les «occupants en titre». Même si par après les choses y ont évolué, les colonies de peuplement des Amériques et
de l'Océanie représentent au départ le cas de l'occupation «à la romaine» alors que
l'établissement des Slaves du sud répond plus à celle «à la Le cas américano-océanique est le plus simple. Si le rapport «occupant» / «occupé» varie assez selon les lieux de colonisation, dans l'ensemble la population actuelle des Amériques et de la plupart des grandes îles d'Océanie a en majorité des ascendants venant de lieux éloignés: Europe, Asie et Afrique pour l'essentiel, avec selon les cas des répartitions diverses, principalement européen en Océanie et en Amérique du Nord et du Sud, avec une forte composante africaine en Amérique du nord, asiatique en Océanie, plus mélangé en Amérique centrale, très africain dans les Caraïbes, et avec une part encore importante d'occupants antérieurs – Amérindiens – en Amérique centrale et dans les États andins d'Amérique du sud, jusqu'à la plus de la moitié de la population actuelle. Sans considérer les populations déjà présentes avant cette phase récente d'installation de nouveaux arrivants, à partir du XVI° siècle, au départ surtout européens puis, avec le développement de l'économie esclavagiste, africain, enfin plus récemment asiatique, de facto les «occupants légitimes» actuels reconnus internationalement aujourd'hui ne sont pas des «premiers occupants» puisqu'ils s'installèrent dans des territoires où une population antérieure et de lointaine implantation (de 6000 ans pour les plus récentes à 40000 pour les plus anciennes) existait déjà, qu'on peut considérer, selon les cas, comme «premier occupant» ou «occupant légitime de plus ancienne implantation». Le cas yougoslave est plus complexe: contrairement à ce qui a se passa dans la plupart
des colonies américano-océaniques (le cas latino-américain étant moins Dans le cas de l'occupation «à la romaine» on a une chose formellement similaire: le nouvel occupant forme pour l'essentiel une élite militaire et administrative et celles locales lui seront, par force ou par consentement, subalternes. La différence vient de ce qu'au moins en un premier temps, celui où le centre reste fort et contrôle son empire, ses représentants locaux n'intègrent pas à la leur des éléments de la culture locale, ce sont des occupants «extérieurs» conservant un lien très fort à leur culture d'origine. Avec une occupation «à la grecque» [1] Je ne sais pas et personne je pense ne peut
savoir où les humains à proprement parler sont apparus, mais du moins mon hypothèse est
que l'humanité précède les êtres humains, comme la vie précède les êtres vivants: nous ne
sommes pas devenus humains d'un coup d'un seul, c'est le résultat d'une lente et longue
élaboration, et autant qu'on puisse le comprendre a posteriori une grande part des
éléments constitutifs d'ordre, disons, culturel, de notre humanité étaient présents chez
des individus dont on sait avec certitude qu'ils n'avaient pas les capacités spécifiques
permettant de les déterminer comme «humains» stricto sensu; il est évident, je
crois, que cet ensemble d'individus classés comme «australopithèque» et qui font partie
de notre embranchement (nos ancêtres et leurs cousins très proches) ne pourraient pas de
nos jours figurer parmi les humains, pourtant parmi leurs représentants les plus récents
on constate les traces de ce qu'on peut appeler «culture» au sens humain, comme élaborer
et transmettre des méthodes inédites d'activités manufacturières et de comportements. En
tous les cas, ces «pré-humains» se constituèrent comme humains dans cette zone-là, entre
la Corne de l'Afrique et le Moyen-Orient.
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